"La capacité de mobilité et d'intervention de la Centrale électorale est très réduite. Pour parer à cette situation, la CENI a urgemment besoin de 4 Antonov 26 et de 10 hélicoptères afin d'être capable de déployer ses cargaisons dans les délais", lit-on dans un courrier adressé le 5 décembre par Denis Kadima, le président de la CENI au Président sortant Félix Tshisekedi.
L'inquiétude grandit en RDCongo.
A 2 semaines des élections, le pays plonge dans l'incertitude. La tenue des élections à la date prévue est de plus en plus improbable.
Face à l'évidence, dans les allées du pouvoir, on n'en démord pas. Pour Félix Tshisekedi et ses proches, les élections doivent à tout prix avoir lieu le 20 décembre prochain. A telle enseigne que le Chef de l'Etat congolais a instruit le président de la Cour Constitutionnelle, Dieudonné Kamuleta Badibanga, à prendre les choses en main afin que la machine judiciaire soit mise au pas. Tous les premiers présidents des Cours d'Appels congolaises ont été convoqués dans la capitale.
Chantage
"Nous avons reçu des instructions sur la politique en matière de contentieux électoral", confesse un des présidents qui ne cache pas son amertume sur la mainmise totale du pouvoir politique sur la justice. "Le Président Kamuleta nous a enjoints de nous soumettre et de suivre rigoureusement ses ordres sinon nous serons envoyés au placard", poursuit notre interlocuteur.
Du côté de la CENI, la situation n'est pas meilleure. La formation des superviseurs a pris du retard. Faute de frais de transport, les participants s'en remettent à la "bonne volonté" des candidats qui battent campagne pour obtenir un viatique. La corruption bat son plein et les petits arrangements se prennent entre les superviseurs et la clientèle des honorables futurs députés.
Pas d’affichage des résultats
A 12 jours de la fin de la campagne, le processus électoral accumule les nuages. Au sein de la CENI, on ne cache pas les difficultés. Parmi les craintes, on relève que les listes des électeurs ne seront pas disponibles dans tous les bureaux de vote et les détenteurs des cartes illisibles seront autorisés à voter. Un proche de Patricia Nseya, la rapporteur du Bureau de la CENI, affirme qu'il n'y aura pas de publication bureau de vote par bureau de vote et les procès-verbaux ne seront remis qu'en nombre très réduits aux témoins.
Le manque de courage européen
Le choix assumé par le régime de Félix Tshisekedi pour une élection au rabais a conduit le gouvernement à bloquer la mission d'observation de l'Union européenne dont les 42 membres ont regagné Bruxelles. Finalement, un compromis a été trouvé. L'Union Européenne dépêchera 8 "experts" qui seront basés à Kinshasa. Il s'agit d'analystes dans les domaines électoral, politique, juridique, droits de l'Homme/genre et minorités, médias et réseaux sociaux. Cette mission effectuera une analyse technique du processus électoral et remettra formellement un rapport avec ses constats, conclusions et éventuelles recommandations. Les autorités congolaises sont soulagées. Les Occidentaux ont choisi de fermer les yeux.
Mascarade
Face à la mascarade électorale en préparation, les Congolais n'auront qu'à se prendre en main s'ils veulent imposer la vérité des urnes. Avec la reprise en main de la justice, il y a fort à parier que les connexions internet seront bloquées et que les voix discordantes qui contesteront les résultats seront réduites au silence. Il faut craindre que dans les prochaines semaines, un lourd et sombre voile descend lentement couvrir les espoirs la RDCongo et les espoirs d'une élection libre, transparente et crédible dont les résultats refléteront le choix des électeurs congolais.
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