De L'ASSOCIATION DES MAGISTRATS POUR LA RESTAURATION DE LA JUSTICE CONGOLAISE (AMRJC)
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous, Magistrats membres de l’Association des Magistrats pour la Restauration de La Justice Congolaise, AMRJC en sigle, après avoir suivi avec la plus grande attention et intérêt particulier vos réponses aux préoccupations de la population sur la vie nationale, déclarons ce qui suit :
1° L’AMRJC vous présente, d’ores et déjà, ses sincères et respectueuses félicitations pour cette initiative qui a témoigné à suffisance de votre parfaite connaissance de l’essentiel de nos problèmes de société et de votre politique qui s’inscrit dans une vision dont la finalité est d’y apporter des solutions à court, moyen et long termes selon les cas et nos différentes ressources;
2° L’AMRJC a noté avec grande satisfaction l’importance que toute votre politique accorde particulièrement à la Justice comme moteur de développement dans son rôle d’institution de régulation pour un bien-être collectif ;
3° L’AMRJC partage sans réserve toute la déception que vous avez clairement exprimée au regard de l’échec impardonnable de notre Justice, en tant que pouvoir judiciaire, que vous n’avez pas d’ailleurs hésité de considérer comme l’échec ou le bémol de votre mandat en épinglant particulièrement la responsabilité des différents Chefs des corps qui ont totalement démérité et n’ont rien compris de vos attentes en tant que Chef de l’Etat et garant du bon fonctionnement des institutions ;
4° Loin d’être choquée, l’AMRJC est apaisée de découvrir que vous avez la mesure parfaite du mal de notre Justice au point de dire, avec raison d’ailleurs, qu’elle détruit notre Nation et que les magistrats n’arrivent pas à se libérer de la force de la corruption. C’est tellement vrai, Excellence Monsieur le Chef de l’Etat, qu’en réalité c’est nous qui jugeons que l’on devrait juger. Et, pour poursuivre avec les saintes écritures, auxquelles vous avez vous-même dû faire références, il y est également écrit que le sel qui a perdu sa saveur n’est plus bon à rien ; on doit le jeter et on peut même marcher dessus. L’AMRJC estime, fort malheureusement, que le cas des magistrats, dont la perversion et la persistance dans le mal sont notre vécu quotidien, ne méritent plus du tout la considération supposée leur accordé.
L’AMRJC n’a pas d’autre mot que de demander PARDON à la nation, à vous-même, Excellence Monsieur le Président de la République et même à nos familles pour le mal ignoble causé à la République qui se retrouve privée de la Justice, paradoxalement, du fait des magistrats.
Tout en espérant que ce PARDON nous sera accordé en dépit de la gravité du tort que nous avons causé à la société, l’AMRJC a estimé important, Excellence Monsieur le Président de la République, de porter à votre connaissance d’autres faits, aussi graves, qui ont concouru à tuer la Justice et qui vous permettront de mieux comprendre ce fléau en vue d’y apporter le remède indiqué pour l’éradiquer ou commencer à le juguler.
Excellence Monsieur le Président de la République, après la démonstration que vous avez faite de la maîtrise de la situation générale du Pays, l’AMRJC n’a certainement pas la prétention de vous compléter mais, ne dit-on pas que le diable se loge parfois dans les détails qui sont peut-être à notre disposition et que nous estimons nécessaire de porter à la connaissance de votre haute autorité.
En effet, certains faits, pris de manière isolée, peuvent peut-être mieux expliquer votre conclusion sur la situation chaotique de la Justice.
Il s’agit notamment de :
Dans le cadre des mesures que vous avez annoncées pour essayer de remédier aux maux qui rongent notre Justice, l’AMRJC estime qu’il est impérieux que vous soyez vite informé du rôle très néfaste que joue le Président de la Cour Constitutionnelle, Monsieur Dieudonné KAMULETE, dont l’interventionnisme, permanent et souvent pour des intérêts privés totalement contraires à la loi, sape votre politique louable de ressusciter la Justice.
Pire, dans ses interventions récurrentes, il n’arrête pas de mettre au-devant la prétendue volonté de la plus haute autorité politique qui justifierait, à ses dires, que la loi, l’équité et même le bon sens soient ignorés.
Pour tenir les magistrats et s’assurer qu’ils ne soient réduits qu’à des simples instruments de sa propre volonté, le Président Dieudonné KAMULETE dit à tout magistrat qu´il contacte que c’est lui qui est le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature et que celui qui n’est pas au service des intérêts privés qu’il défend subira la sanction qu’il lui réservera dans les promotions et les mises en place.
En plus du phénomène KAMULETE, dont le mandat en tant que Juge Constitutionnel a expiré depuis le 07 juillet et qui ne peut être renouvelé parce qu’ayant fait plus de deux ans dans le mandat dont il a hérité, il est important de relever également le cas, fort malheureux aussi, de certains magistrats qui ne sont pas soumis à l’autorité de leurs chefs hiérarchiques mais qui répondent plutôt des autorités dont ils seraient l’émanation dans un cadre politique ou tribal.
Tel serait le cas du Procureur Général du Haut-Katanga, LWAKAMONA WA MANSAKA MPUTU Rockfeller, qui dit être en mission dans le Haut-Katanga uniquement pour faire la volonté de Maître Peter KAZADI qui a fait de lui le Procureur Général au mépris total et même scandaleux des critères de promotion des magistrats.
Ce Procureur Général fait totalement fi de tout, ignore superbement sa hiérarchie, qui semble totalement impuissante, même lorsqu’il transforme son cabinet en espace de réjouissance charnelle avec des avocates, mariées de surcroit, et autres partenaires occasionnelles dans ses ébats qui sont parfois suivis des bagarres entre concubines et ce, en présence des agents et des justiciables.
Ces graves faits, portant gravement atteinte aux mœurs et à la dignité des fonctions, sont restés impunis pour ne pas frustrer Peter KAZADI et Guy MWANDIAVITA.
Il y a donc des magistrats qui, du fait des politiciens, sont totalement affranchis des normes légales, professionnelles et même éthiques.
La hiérarchie n’a donc aucun contrôle sur eux.
A côté du Président KAMULETE et des magistrats affranchis de la hiérarchie professionnelle du fait des politiciens, il y a enfin d’autres intervenants et pas des moindres qui, se réclamant de la proximité biologique avec son Excellence Monsieur le Chef de l’Etat, sont également impliqués dans des dossiers où on leur fait miroiter un gain illicite pour lequel ils se transportent jusque dans des cabinets des magistrats pour imposer des décisions sans même connaître le fond du dossier qui est souvent totalement contraire aux prescrits légaux et même scandaleux.
Parmi ces proches biologiques, on ne cesse de voir ces jours-ci Monsieur Christian TSHISEKEDI, comme on voyait, à une époque, un certain TONY qui demande souvent aux magistrats tout ce que vous dénoncez et qui tue notre Justice.
Excellence Monsieur le Président de la République,
L’AMRJC, tout en réitérant ses félicitations les plus respectueuses pour vos réponses rassurantes aux préoccupations de la population sur la vie nationale en général et particulièrement sur la Justice dont vous avez fait montre d’une maîtrise qui nous exhorte à poursuivre notre combat pour la restauration de la Justice conformément d’ailleurs à votre politique, nous vous disons d’ores et déjà que nous comptons beaucoup sur les mesures que vous avez annoncées.
Nous espérons que ces mesures, en plus de l’aspect normatif, ne vont pas perdre de vue un assainissement global qui va délivrer la Justice des mains des personnes qui, des fois, abusent au nom des hautes autorités au point d’hypothéquer vos chances pour un deuxième mandat qui, à coup sûr, vous permettra aussi de corriger tout ce que vous déplorez.
Nous ne pouvons pas terminer ce communiqué sans vous dire très sincèrement merci pour l’opportunité nous accordée de porter à votre connaissance tout ce qui vient d’être dit et prière accepter, Excellence Monsieur le Président de la République, de ne pas renseigner les noms des magistrats membres de l’Association qui craignent de s’exposer au courroux implacable des responsables dénoncés.
Pour l’AMRJC
Les Membres
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