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Photo du rédacteurmutambak96

Kamerhe, Bemba et Bahati ouvrent la course à la succession


Six mois après les élections, Félix Tshisekedi peine à trouver un second souffle. Les négociations pour la constitution du gouvernement ont été laborieuses et épuisantes, menant à un mécontentement général.


Les frustrations minent la cohésion de la majorité présidentielle. "En se retrouvant avec 95% des députés issus d'une centaine de partis politiques, on s'est tiré une balle dans le pied," affirme un conseiller du Chef de l'Etat. Alors que le parti présidentiel a obtenu la part du lion dans la distribution des postes ministériels, l'UDPS n'est pas épargnée par la fronde et le désordre. Le secrétaire général Augustin Kabuya est devenu la cible des parlementaires-debout. Las d'être les oubliés du pouvoir, des centaines de partisans de Tshisekedi ont envahi la rue pour exprimer leur colère.


Le Chef de l'Etat congolais entame son second mandat dans la difficulté et la solitude. Ses alliés de la majorité ont déjà en tête les prochaines échéances politiques. Que ce soient Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba, Modeste Bahati, Guy Loando et Dany Banza, tous aspirent à la succession du Roi Soleil. Dans ses mémoires, Saint-Simon affirmait que : "La fin du règne de Louis XIV fut tellement longue qu'elle en fit oublier le début". Louis de Rouvroy taillait avec justesse un portrait universel des pouvoirs absolus qui s'applique parfaitement à la Cour royale congolaise.


Kamerhe marque son terrain… à l’étranger

À peine un semestre s'est écoulé depuis les élections de décembre 2023 que la question de l'après-Tshisekedi est ouvertement discutée au sein de la classe politique congolaise. Parmi les plus ambitieux se trouve Vital Kamerhe. Ce dernier garde secrètement au coeur le ressentiment provoqué par les humiliations endurées et les deux années de prison passée suite à des accusations de détournements qui ont été levées. Le Président de l'Assemblée nationale congolaise affirme à tous vents avec emphase qu'il est désormais le deuxième personnage de l'État. Lors de son récent voyage au Canada, il a profité de l'Assemblée parlementaire de la francophonie pour marquer sa place en tant que dauphin du régime. Accompagné par une vingtaine de personnes, Kamerhe a fait une entrée remarquée dans le forum, presque digne de la montée des marches du Festival de Cannes, pour signifier son retour sur le devant de la scène. Le coût de cette opération pour le Trésor congolais s'élève à plus d'un million de dollars.

Profitant de sa mission au Canada, le président de la Haute chambre n'a pas manqué de passer discrètement par New York pour renforcer ses réseaux américains. Avant de rentrer en RDCongo, le couple Kamerhe-Shatur fera une brève halte à Paris pour profiter de leur investissement immobilier et établir des contacts politiques. Vital Kamerhe est résolu à tisser sa toile, concentré sur l'élection présidentielle de 2028.


Bemba et ses soeurs

Parmi les grands acteurs du régime de Tshisekedi, l'ancien chef de guerre Jean-Pierre Bemba ne cache pas lui aussi son ambition de retrouver les sommets du pouvoir d'État. Débarqué du ministère de la Défense en raison de son manque de résultats dans la guerre contre le M23, Jean-Pierre Bemba s'est retrouvé au ministère des Transports, où il partage la supervision d'une douzaine d'entreprises publiques avec Jean-Lucien Bussa, le ministre du Portefeuille. C'est un modeste lot de consolation pour un homme qui aspire à succéder à Félix Tshisekedi. En privé, Bemba critique ouvertement l'amateurisme et l'inconsistance des frères Tshisekedi, les comparant aux Dalton. En privé, Bemba ne décolère pas. Toutefois, en public, il évite tout comportement irrespectueux et se conforme aux directives présidentielles. Pour renforcer son leadership dans la grande province de l'Équateur, Bemba a jugé nécessaire de réconcilier les jeunes loups de sa province. Ainsi, il a organisé une rencontre avec Jean-Lucien Bussa et Guy Loando, accompagnée d'une séance photo devant les caméras. Dans l'entourage de Guy Loando, les conseillers rient doucement des manœuvres du président du MLC.

"Nous l'avons requinqué financièrement et il veut nous faire un enfant dans le dos", fulmine un cadre de l'UDPS. Les services congolais surveillent les contacts pris par l'ancien Vice-Président avec plusieurs sociétés de lobbying américaines. Étant interdit de séjour aux États-Unis, l'ex-détenu de la CPI a pris la décision de passer par ses sœurs Caroline et Françoise pour signer des contrats avec les lobbyistes. Le ministre congolais des transports cherche à améliorer son image auprès des décideurs américains.


Bahati et le parfum de la vengeance


Incapable de s'appuyer sur Kamerhe ou Bemba pour un éventuel changement constitutionnel, Félix Tshisekedi rencontre également des difficultés avec Modeste Bahati. Ancien président du Sénat et avec une trentaine de députés à disposition, Bahati et son parti l'AFDC ont été traités avec un mépris injuste lors de la répartition du pouvoir. Un ancien membre du cabinet de Modeste Bahati exprime sa colère en déclarant : "Nous avons fourni des dizaines d'élus et n'avons obtenu que deux petits ministères, c'est du mépris !". Ce dernier affirme que Bahati n'a pas digéré l'humiliation infligée à son fils Serge Bahati, écarté des fonctions ministérielles auxquelles il aurait pu prétendre.


« Narcisse », le nouveau surnom du président Tshisekedi

D'après un proche de l'ancien président Kabila, Félix Tshisekedi souffrirait de psychose paranoïaque et de délire narcissique. Après avoir tenté de renouer le contact avec son prédécesseur par l'intermédiaire de Joseph Olenghankoy, le Président congolais a essuyé un refus catégorique de la part du Raïs. Joseph Kabila n'a même pas pris la peine de répondre aux tentatives de rapprochement de son successeur, provoquant ainsi la colère de F. Tshisekedi.

Lors d'une réunion avec les évêques de la CENCO venus lui présenter leur nouvelle direction conduite par l'archevêque de Lubumbashi, Félix Tshisekedi a exprimé ouvertement sa frustration. Il aurait déclaré aux dignitaires de l'Église : "Désormais, c'est lui ou c'est moi", affirmant clairement son intention de neutraliser Joseph Kabila, désigné comme l'ennemi public numéro 1 du régime. Selon un analyste du CNS, le président perçoit la main de Joseph Kabila derrière tous les maux qui touchent le pays, de la guerre à l'Est avec le M23 aux manœuvres de subversion dans son entourage.


"La solitude trouble les cerveaux qu'elle n'illumine pas", écrivait Victor Hugo. La solitude du pouvoir, accompagnée de la peur et d'une anxiété constante et dévastatrice, aurait plongé le Chef de l'État congolais dans une quête désespérée de distractions pour éviter d'affronter des problèmes de plus en plus imposants.

Jusqu'où cette spirale descendante mènera-t-elle la nation congolaise, déjà ébranlée par des crises de plus en plus destructrices auxquelles le Président semble incapable de répondre ? Cette interrogation préoccupe de nombreux observateurs. Le début de ce deuxième mandat présidentiel semble clairement marqué par les signes d'une fin de règne.

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