De retour de New York et après un passage en Belgique au cours duquel Félix Tshisekedi a rencontré la diaspora et s’est reposé dans sa somptueuse villa de l’avenue Prince d’Orange à Uccle, ce week-end le Chef de l’Etat congolais s’engage dans sa campagne. Et c’est au Katanga, dans la province du Lualaba, que le Chef de l’Etat congolais a décidé de démarrer sa tournée d’inaugurations d’ouvrages et de bâtiments qu’il veut présenter aux Congolais comme son bilan personnel.
Des projets initiés sous la Kabilie
En réalité, faute d’avoir terminé le moindre ouvrage sur lequel il a posé première pierre, Félix Tshisekedi veut s’arroger le bénéfice des actions de son prédécesseur. En terme scientifique, l’attitude du Chef de l’Etat relève du parasitisme. A l’image de ces oiseaux qui pondent leurs oeufs dans le nid d’autrui, Félix Tshisekedi va inaugurer en grande pompe le barrage de Busanga, l’aérogare de l’aéroport internationale de Kolwezi et l’assemblée provinciale du Lualaba. Si le premier ouvrage est l’oeuvre du Président Joseph Kabila, les deux autres sont au crédit de l’ancien gouverneur Richard Muyej. Le président congolais aura-t-il la présence d’esprit et l’honnêteté d’inviter aux manifestations le Sénateur à vie qui, à la suite d’une négociation, lui a gratuitement confié le pouvoir et son ancien gouverneur ? Rien n’est moins sûr. Les relations ne semblent plus être au beau fixe après le divorce brutal des deux hommes.
Pour la petite histoire, Félix Tshisekedi inaugurera également l’échangeur à l’entrée de Kolwezi au niveau de la bifurcation de la Route numéro 39 et la route de l’aéroport.
En réalité, aucun Katangais n’est dupe de la supercherie à laquelle Félix Tshisekedi se prête. Les ouvrages inaugurés étaient largement engagés voire déjà terminés. Il ont été parachevés par la gouverneure intérimaire Fifi Masuka qui a ajouté un coup de peinture à coups de millions de dollars de surfacturation et de rétrocommissions. En dépit des mises en garde répétées sur le coût exorbitant des travaux engagés par l’autorité provinciale, la présidence de la République est demeurée de marbre.
Tensions entre ces dames
Il faut dire que Mme Fifi Masuka a pris l’habitude de se déplacer régulièrement à Kinshasa en apportant des valises d’espèces sonnantes et trébuchantes au couple présidentiel pour assurer le train de vie somptuaire et les voyages de Félix Tshisekedi, Denise Nyakery et sa belle-mère Marthe Kasalu Jibikilayi . « La gouverneure a.i. du Lualaba est parvenue à acheter la famille régnante », affirme un proche de Fifi Masuka Saini qui rappelle que récemment la visite de la Première Dame à Kolwezi a permis d’écarter le danger que représentait la belle-soeur Isabelle Kibassa, l’ancienne députée provinciale belge. L’épouse de Jean-Claude Mulumba Tshisekedi, le frère aîné du Chef de l’Etat, n’en démord pas. Fille de l’illustre Frédéric Kibassa Maliba, originaire du Katanga, Isabelle est déterminée à diriger le Lualaba. Au cours des derniers mois, Denise Nyakeru et surtout Marthe Tshisekedi sont parvenues à faire taire momentanément les revendications de la belle-famille Kibassa qui revendique de récupérer le sceptre du pouvoir sur le Lualaba.
Au-delà de la partie d’inaugurations et de cérémonies officielles, Félix Tshisekedi atterrit à Kolwezi pour s’assurer de l’état des investissements familiaux dans la capitale mondiale du cobalt et du cuivre. Les intérêts familiaux des Tshisekedi sont très importants. Ils se chiffrent au Katanga à des revenus estimés à plusieurs millions de dollars/jour. Débarqués de Belgique sans un sou, forts de leurs participations dans les carrés miniers et les rejets, Félix, Jean-Claude, Christian, Jacques et du benjamin Thierry, alias Tshi Tshi - particulièrement proche de Fifi Masuka - sont tous devenus millionnaires.
Le Lualaba, le coffre-fort du clan
Pour verrouiller le business familial, Félix Tshisekedi contrôle personnellement toutes les nominations politiques et administratives dans le Lualaba. « Actuellement, toutes les nomination des cadres de l’administration sont l’apanage de la maison civile du Chef de l’Etat », assure un conseiller de Peter Kazadi, le Vice-Premier Ministre chargé de l’Intérieur. Ayant momentanément remisé sa toge d’avocat pour devenir le premier flic de RDCongo, le Vice-Premier Ministre opère en chien de garde des intérêts du clan. Au passage, il empoche de substantielles commissions auprès des opérateurs miniers chinois et indiens.
Une visite sur site dans les environs de Kolwezi permet de vérifier les allégations de plus en plus répandues sur la mise en coupe réglée du Katanga et particulièrement du clan Tshisekedi sur le Lualaba. « Presque toutes les carrières sont contrôlées par la famille présidentielle et la maison civile qui les exploitent en utilisant des Chinois, des Indiens et des Libanais au détriment des Congolais », précise un agent du CAMI, le cadastre minier. « C’est le cas des carrières de la Menuiserie GCM KZC, derrière le bureau de la DGK, des carrières de KISANKALA et celle de KISANFU », ajoute-t-il. Dans la province, l’ANR surveille et la garde républicaine est partout. Un climat de terreur s’est répandu sur tout le Katanga. Depuis le massacre, en mars dernier, par la garde républicaine d’une cinquantaine de jeunes gens Kilobelobe, tout le monde garde silence.
En dépit de la peur, la révolte couve. « Le mois passé, il y a un soulèvement des creuseurs à cause de la main mise de la famille sur toutes les mines de Kolwezi. Les éléments de la garde républicaine ont tiré à balles réelles sur les creuser en révolte. On a relevé deux décès et plusieurs blessés qui ont été internés à HPK/GCM », précise Charles Katond un jeune creuseur. Chaque jour, défiant les intimidations et les balles de la Garde Républicaine, des centaines de jeunes gens s’infiltrent dans les sites des entreprises minières contrôlés par le clan Tshisekedi et ses associés. Les jeunes qui sont à la recherche d’un revenu de misère meurent en silence. Jeanne N., une activiste d’une ONG des droits de l’Homme confirme que « Les creuseurs sont victimes des tueries à causes de vol des minerais ». Si les récents évènements de Goma ont mis en lumière la barbarie de la garde républicaine, l’armée présidentielle a transformé le Katanga en banc d’essai de ses opérations criminelles. Avec la complicité de l’administration territoriale qui, elle aussi, garde silence, la fameuse GR ne risque rien. Le Lualaba est devenu le coffre-fort de la famille présidentielle et la Garde Républicaine est chargée d’en garder la clé. Des centaines de jeunes Katangais tués dans le plus parfait anonymat. C’est le prix payé par le clan Tshisekedi pour empocher des dizaines de millions USD.
A côté des creuseurs en colère , les cadres et agents de la Province ne sont pas en reste. «A Kolwezi, toutes les belles parcelles sont spoliées par la famille Tshisekedi. Le trafic d’influence bat son plein ici », affirme un conseiller de Fifi Masuka qui ajoute que « la majorité du personnel de la Maison Civile en charge des biens de la famille présidentielle ne paie aucune taxe. Les véhicules qui transportent les rejets des sites détenus par les associés du Président ne paie même pas le péage». Au sein de l’administration foncière, même constat. « Du côté de l’aéroport, Madame Fifi a payé et surtout arraché plusieurs parcelle aux personnes qui avaient refusé de les lui vendre pour faire de ce quartier, un quartier résidentiel présidentiel, où elle a construit sa maison et en construit aussi une autre pour Maman Marthe et encore une autre pour Félix Tshisekedi et sa famille », relève un agent qui ajoute que « Des barrières ont été érigées pour empêcher à la population de fréquenter ce quartier ».
La visite du Président Tshisekedi vient exacerber la colère de millions de Congolais qui, devant les fusils braqués contre eux par la Garde Républicaine, gardent silence. Rien n’est longtemps secret en RDCongo. La population du Lualaba est au courant de toutes les frasques de la famille Tshisekedi et de son chef. A 80 jours des prochaines élections, le contentieux du clan présidentiel kasaïen est lourd. Bien trop lourd pour renverser la tendance qui s’est lentement affirmée à Kolwezi où la grande majorité de la population appelle à la fin du cauchemar.
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